L'Albertina de Vienne propose jusqu'au 9 janvier 2011 une remarquable exposition sur Michel-Ange dessinateur. La présentation est particulièrement complète et permet de suivre l'artiste sur ses différents chantiers : plafond de la chapelle Sixtine, tombeau de Jules II, Léda, Jugement dernier. Les commissaires de l'exposition ont eu la bonne idée de placer, dans la section consacrée au tombeau de Jules II, des moulages en plâtre de deux statues de ce tombeau : le Moïse et l'Esclave endormi. On remarquera également une intéressante reconstitution 3D du tombeau grâce à deux dessins de Michel-Ange.

La qualité et le nombre des dessins font de cette exposition une manifestation de toute première importance. Et puis, Michel-Ange reste Michel-Ange, et le titre de l'exposition rappelle cette évidence : la génialité de l'artiste. On reste frappé par la hauteur de son inspiration poétique et par le non-conformisme et la liberté absolue de son travail.

Le programme du colloque international Art et violence dans les vies d'artistes, organisé par l'université Sorbonne nouvelle, vient de paraître. Le colloque se tiendra dans des lieux différents pour chaque journée. J'interviendrai le vendredi 10 décembre à midi à la Maison de l'Italie (Cité internationale universitaire dans le 14e), pour une communication autour de Dezallier d'Argenville.

Le musée d'Art et d'Histoire de Saint-Denis propose jusqu'au 17 Janvier 2011 une exposition consacrée à Ernest Pignon-Ernest et à son travail sur le thème des extases féminines. Il s'agit de l'exposition qui s'était tenue à la chapelle Saint-Charles à Avignon en 2008 et que le musée de Saint-Denis a eu l'excellente idée de reprendre pour le plaisir des amateurs d'Île-de-France. Rappelons que le musée de Saint-Denis, créé en 1901, s'est installé en 1981 dans l'ancien Carmel de la ville.

Pignon-Ernest explore sept grandes figures de la mystique chrétienne (Hildegarde von Bigen, Catherine de Sienne, Thérèse d'Avila...). Le parcours s'organise en deux temps. Une première partie au rez-de-chaussée du musée est consacrée aux études préparatoires. Le trait est aussi libre que juste, le propos aussi abouti qu'éloquent. Le travail sur la contorsion, sur l'expressivité d'un abandon, sur la complexité d'une ombre est toujours captivant chez Pignon-Ernest.

Au fond de la seconde salle, on découvre de grandes études dessinées sur papier, accrochées comme si elles étaient punaisées sur le mur, formant une composition murale suggestive et poétique. On a le sentiment d'être dans l'atelier de l'artiste, d'être les témoins privilégiés de la mise en page finale de son projet et d'assister à l'incarnation d'une idée esthétique.

Le visiteur gagne ensuite la chapelle des Carmélites qui appartient également au musée. C'est dans ce beau bâtiment néo-classique que se déploie l'extase de Pignon-Ernest à travers de grandes compositions se dressant entre l'eau et le Ciel. 

Les collections permanentes occupent les bâtiments conventuels. Le premier étage est consacré à l'histoire du Carmel. On y trouve parmi les quelques tableaux du XVIIe siècle La Madeleine au pied de la Croix de Laurent de La Hyre (peint à l'origine pour les Capucins du Marais), autre expression de l'extase mystique.

Le second étage présente de manière détaillée l'histoire de la Commune, formant un savoureux contraste intellectuel avec le bâtiment et le reste des collections. Des photographies rendent compte entre autres du travail de Pignon-Ernest sur ce thème.

Le principe de l'exposition de l'art contemporain dans les monuments historiques et les musées connaît depuis quelques temps un certain regain. On se souvient de Jan Fabre qui en 2008 avait occupé les salles du musée pour un résultat contrasté.

Cette question présente à mon sens deux aspects. Le premier est pour ainsi dire muséographique et touristique. Les oeuvres contemporaines s'interposent-elles (au propre comme au figuré) entre le visiteur et les oeuvres  des collections permanentes du musée ou du monument ? Le visiteur qui vient parfois de loin pour admirer une oeuvre d'art peut avoir le droit de réclamer un moment d'intimité avec l'oeuvre, de recueillement, le droit de pouvoir instaurer un dialogue entre l'oeuvre et lui. Une pièce contemporaine s'interposera et privera le visiteur de ce droit bien légitime. On peut craindre alors que la présence de l'art contemporain serve surtout à la satisfaction d'une petite élite.

Le second aspect est de savoir tout simplement "si cela fonctionne". Si visuellement la confrontation enrichit le regard, s'il y a un dialogue entre les oeuvres, si cela fait sens.

Selon moi avec Jeff Koons ou Takashi Murakami à Versailles, le pari n'a pas été réussi. Dans les deux cas, les oeuvres aux coloris acidulés, sur-éclairées, souvent protégées par des vitrines épaisses, brisaient les espoirs du visiteur étranger, qui a payé chèrement son billet, de découvrir le château des rois de France. La patine des décors anciens, la pénombre naturelle des pièces, sans parler même de l'évocation historique, étaient balayées. En outre, le  dialogue "baroque" entre certaines pièces de Koons ou de Murakami et les décors du XVIIe siècle paraît bien factice.

Le résultat est différent me semble-t-il avec les oeuvres commandées récemment pour le musée du Louvre. Ces dernières années, le musée a demandé à plusieurs artistes contemporains de participer au décor intérieur du palais. Dans les trois cas, ce sont de très belles réussites. L'ensemble d'Anselm Kiefer, une grande peinture et deux "sculptures", s'insère parfaitement dans le décor architectural de l'escalier du pavillon nord de la colonnade. (On regrette simplement les traces noires des mains des installateurs sur le rebords de la niche !).

Les verrières de François Morellet sont également des interventions poétiques et réussies.

Enfin, le grand plafond peint par Cy Twombly pour la salle des bronzes antiques m'a procuré une grande satisfaction. Depuis des années, depuis surtout le réaménagement de la salle (dont j'apprécie beaucoup la muséographie), je trouvais que le plafond était d'une blancheur dure et sèche. Les grands soleils de Twombly, ce profond ciel bleu font maintenant de cette vaste salle un des plus beaux lieux du musée.

(c) Ohbara, sur Flikr.

Le musée de la chasse et de la nature à Paris dans le Marais a fait un pari encore plus audacieux et tout aussi réussi. L'ensemble des salles et galeries du musée a été investi par des créations contemporaines souvent surprenantes, toujours pertinentes. Le dialogue des deux mondes est permanent et sans cesse au service de la poésie et de l'intelligence (dans les deux sens du terme) du propos.

Le Mobilier national présente jusqu'au 27 février 2011 à la Galerie des Gobelins une exposition sur les bronzes du Garde-Meuble impérial et royal.  Si le sujet peut sembler un peu pointu, le résultat est un modèle de réussite.

La beauté des pièces est admirablement mise en valeur par la muséographie. Cette dernière, que l'on doit à Didier Blin, séduit par sa clarté, sa lisibilité et même dirions-nous son énergie. Le choix des couleurs, le dessin des socles, les regroupements par ensemble rendent la visite particulièrement plaisante.

Voici la bande-annonce :