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28 mars 2012 3 28 /03 /mars /2012 19:34

 

Un très beau dessin inédit de Joseph Parrocel représentant l'Adoration des bergers est passé en vente chez Artcurial, à Paris, le 28 mars 2012 (lot n° 87)La feuille est préparatoire à la gravure de même sujet du cycle sur les Mystères de la vie du Christ (n° MY.10 de notre catalogue Arthena) et fait partie d'un vaste ensemble de dessins préparatoires à ce cycle conservés au musée du Louvre.


Parrocel vente art curial 28 mars 2012

L'Adoration des bergers

 Plume et encre brune, lavis brun et rehauts de gouache sur trait de crayon noir, H. : 143 ; L. : 190.

 Provenance : Collection particulière, Lyon.

On retrouve dans cette feuille d'une grande liberté d'écriture toutes les caractéristiques du style de Parrocel : la superposition des techniques, le contour fébrile des silhouettes, la confusion des formes ou encore la différence de traitement graphique selon les figures.

 

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Published by Jérôme Delaplanche - dans Marché de l'art
28 mars 2012 3 28 /03 /mars /2012 08:02

Une exposition sur les nus de Degas pourrait apparaître comme une manifestation assez convenue, une machine à succès. Les pastels de femmes au tub par exemple sont des images mille fois reproduites, des chefs d'oeuvre très populaires. Et puis on a encore en tête la remarquable exposition sur "le dernier Degas" à la National Gallery de Londres il y a quelques années. Qu'apporte alors de nouveau l'exposition du musée d'Orsay ?

Elle commence doucement, sans brusquer le spectateur, avec une première section consacrée au "corps classique". Les dessins sont superbes : ce sont des académies sans fadeur, des études pour sa peinture. On songe à Pignon-Ernest. Tableaux et dessins sont mis en relation de façon très classique mais irréprochable.

Degas 1

Degas 2

La deuxième section présente "le corps en péril". Les choses commencent peu à peu à devenir sérieuses. Les premiers signes de l'originalité du tempérament artistique de Degas se font jour. On voit ses préoccupations, on suit ses recherches formelles, ses obsessions, entre autres à travers les copies dessinées d'après les maîtres (Delacroix, Ingres) dont les toiles (ou des réductions ou des variantes) sont également accrochées ce qui est très appréciable.

 

La troisième section, centrée sur le "corps exploité" des prostituées, rompt avec la forme académique et signe la véritable inflexion de la trajectoire esthétique de l'artiste. Degas dessine des scènes ordinaires dans des maisons closes, des femmes qui se préparent, des clients qui s'avancent. Il y a peu de dessins érotiques, si ce n'est une représentation d'une scène d'amour saphique. Et le cartel de s'interroger : "Pratique commune ou fantasme masculin ?" Pourquoi pas les deux ! Mais ce qu'il y a de plus intéressant dans cette section est la technique utilisée à ce moment par Degas : le monotype (c'est-à-dire de l'impression sur papier d'un dessin préalablement réalisé sur une plaque de métal). Cette production est une vraie redécouverte. Le traitement stylistique, libéré du rapport à la peinture, est d'une superbe audace.

 

A partir de ce moment, nous sommes vers la fin des années 1870, l'oeuvre de Degas gagne en maturité, en autorité. Le corps est étudié, décrit, rendu comme une forme qui ne tire son expressivité que d'elle-même. La mise en regard du travail de Degas avec celui d'autres artistes (Caillebotte, Manet, Renoir, Toulouse-Lautrec...) illumine le propos. L'exposition propose alors un accrochage totalement spectaculaire et la crainte de voir ce que l'on a vu cent fois s'est évaporée depuis longtemps.

Degas-3.jpg

Les dernières sections font encore croître, si cela était possible, notre émotion. La série de compositions dessinées au fusain, à l'huile ou au pastel crée un véritable choc. Tel un carpet bombing, la succession de ces nus fait presque courir le danger de rendre commun le chef d'oeuvre. Il faut s'accrocher, rester concentré, mais la formidable puissance de feu de Degas donne parfois le tournis !

Degas-4.jpg

L'exposition se conclut de manière savoureuse avec la postérité immédiate de l'art de Degas et les créations non moins géniales de Picasso qui se situent dans cette filiation.

La démonstration est faite : il fallait cette exposition.

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Published by Jérôme Delaplanche - dans Expositions
27 mars 2012 2 27 /03 /mars /2012 08:01

007  008

A l'occasion de la restauration du tableau de Léonard de Vinci, La Vierge à l'enfant avec sainte Anne, le musée du Louvre organise une exposition mettant en perspective l'élaboration et la postérité de cette oeuvre clé de la Renaissance italienne. Pour son exposition Léonard, après la manifestation londonienne de cet hiver, le Louvre n'a pas voulu rester en reste. Et ce qui aurait pu n'être qu'une exposition-dossier autour de la restauration elle-même et des dessins préparatoires a pris la forme d'une grande rétrospective monographique aussi ambitieuse qu'aboutie.

L'exposition est organisée autour de deux mouvements. Le premier conduit vers l'oeuvre : il détaille toutes les étapes préparatoires de l'élaboration progressive de la composition, les projets, les dessins et les versions successives. On découvre aussi avec un grand intérêt les copies réalisées par l'entourage du maître à partir des versions antérieures du projet. L'enquête est minutieuse et nous permet de comprendre le fonctionnement de l'atelier d'un grand peintre à la Renaissance. On mesure également l'extraordinaire curiosité que suscitait le travail de Léonard. Cependant la présence si nombreuses de copies peut déconcerter les visiteurs et nous avons entendu une dame qui, tombant enfin sur le tableau de Léonard, dit à son amie "Non, ça, c'est encore une copie, le tableau doit être à la fin". Une trop grande attente esthétique est souvent déceptive !

009.jpg   011.jpg016.jpg


Le second mouvement de l'exposition part de l'oeuvre, et, selon un mouvement inverse, suit la postérité du tableau. On mesure ainsi son importance au sein de la Renaissance, son influence sur Michel-Ange, sur Raphaël et sur les artistes du nord de l'Europe (Fascinante composition de Michel Coxie, La Sainte parenté, Kremsmünster, Stiftsgalerie !) et jusqu'à son écho au XIXe siècle et au XXe siècle, à travers les oeuvres d'Odilon Redon et de Max Ernst.

C'est définitivement une exposition très stimulante, très intelligente, exigeante aussi, trouvant dans un sujet d'étude précis et circonscrit la matière d'une réflexion en histoire de l'art qui tient autant de la rigueur que de la délectation. On songe à l'exposition d'une ambition comparable et d'une réussite égale qui s'était tenue dans les mêmes murs : Rembrandt et la figure du Christ.

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Published by Jérôme Delaplanche - dans Expositions
24 mars 2012 6 24 /03 /mars /2012 20:28

giuditta-e-oloferne-capodimonte.jpgAvant toute chose, réjouissons-nous d'une exposition sur la peinture du XVIIe siècle. Elles sont malheureusement trop rares. A moins de montrer Caravage ou Rembrandt (ou, plus fort encore, les deux ensemble !), les expositions sur cette période déplacent rarement les foules. Cependant, celle qui vient de s'ouvrir au musée Maillol pourrait avoir plus de chance. Artemisia Gentileschi est une figure entourée d'une aura qui dépasse l'histoire de l'art. Elle accomplit tout d'abord l'exploit à l'époque d'être femme et peintre. Dans sa jeunesse, elle est violée par le peintre Agostino Tassi, et le retentissant procès que son père Orazio intenta contre son agresseur attira encore davantage les regards. Enfin, elle mena une vie amoureuse assez libre, avec mari et amants. Elle peignit plusieurs représentations de femmes célèbres (Cléopâtre, Suzanne) et en particulier de femmes tranchant la tête d'hommes (Judith, Salomé) que l'on ne peut manquer de rapprocher étroitement des évènements de sa vie. C'est une extraordinaire figure romanesque dont le parcours mêlant féminisme, sexe et violence, a tout pour séduire notre époque. Un roman, écrit par Alexandra Lapierre, lui a d'ailleurs été consacré (Robert Laffont, 1998). Or, bien étrangement, l'exposition se détourne entièrement de tout ceci, comme si ce n'était pas intéressant. L'organisation de l'accrochage, les textes des panneaux de salle, des cartels, ignorent superbement toute la part sulfureuse de la vie et de l'oeuvre de cette femme artiste. Il semble évident (la bibliographie anglo-saxonne est là pour le prouver) qu'Artemisia est un sujet en histoire de l'art qui réclame un regard bien plus large que la seule approche positiviste. Elle est un des sujets phares de l'histoire de l'art interprétative, des genders studies et de l'analyse symbolique. L'exposition a décidé de s'en priver. Le catalogue s'autorise toutefois la publication d'un bref essai d'Alexandra Lapierre qui ose (enfin) dire quelques mots sur ces aspects.

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On pourra craindre alors une certaine frustration chez le visiteur qui - légitimement - espérait découvrir une figure de la modernité à travers une aventure qui parle de sexe, d'outrage et de vengeance. En un mot, le prototype de la femme fatale. Or, de cette femme peintre violée, transcrivant avec ses pinceaux sa sanglante haine, il ne reste plus grand chose. Il ne reste qu'un peintre du XVIIe siècle entre caravagisme et baroque. Certains s'en félicitent. Nous pensons exactement le contraire.

 

Ce serait, malgré tout, une belle chose, si Artemisia était un vrai grand peintre. Or, et on s'en doutait déjà un peu et l'exposition le confirme cruellement : sa peinture est très inégale. Orazio par exemple est meilleur peintre.

 

 

Heureusement, il y a quelques chefs d'oeuvre très fort (que nous reproduisons ici), particulièrement ceux tournant autour des thèmes "féministes" (pour parler vite), mais le reste est assez médiocre. On voudrait l'aimer davantage, mais n'est pas Caravage qui veut. Et puis l'on doit s'interroger sur la question des attributions, des versions, des copies et de l'état de conservation. L'exposition a le mérite d'aborder souvent de front ces questions. Une autre qualité, à laquelle nous sommes sensibles, est de présenter aux côtés d'Artemisia d'autres artistes, évitant ainsi l'étroitesse fréquente des expositions monographiques. Ces confrontations permettent la comparaison, premier outil de l'historien de l'art. Caravage est absent cependant, alors que son ombre est partout. Cela vaut peut-être mieux pour la pauvre Artemisia.

santa-cecilia-spada.jpg

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Published by Jérôme Delaplanche - dans Expositions
18 mars 2012 7 18 /03 /mars /2012 22:33

La foire d'art qui se tient annuellement à Maastricht depuis maintenant 25 ans est devenue progressivement l'une des plus importantes au monde si ce n'est la plus importante. La TEFAF rassemble ainsi les galeries d'art les plus prestigieuses en particulier dans le domaine de l'art ancien européen, mais aussi dans l'art moderne, l'art antique, l'art décoratif, l'art extra européen, le dessin et la photographie.

Parcourir les stands de la TEFAF offre de nombreuses émotions à l'amateur. Signalons quelques oeuvres glanées, par exemple ce très beau Joachim Wtewael, Adam et Eve, présenté par la galerie Baroni.

Wtewael - Adam et Eve

Ou encore cette précieuse sculpture en ivoire, Pluton et Proserpine, par Matthias Steinl (1643-1727), chez Blumka et Julius Bohler.

Matthias Steinl, Pluton et Proserpine

 

Ces deux exemples sont assez symboliques finalement, au-delà des questions de styles ou d'époque, d'une tendance générale du marché de l'art en art ancien à ne pouvoir présenter comme oeuvres de qualité que des choses sophistiquées, élaborées, raffinées. Se confirme ainsi l'analyse, somme toute logique, que le marché de l'art des maîtres anciens rassemble de plus en plus difficilement des oeuvres incarnant les fondamentaux de l'histoire de l'art. C'est un assèchement un peu cruel mais inévitable. Les quelques oeuvres qui restent dans cette catégorie se vendent alors extrêmement rapidement et les prix s'envolent. Ainsi ce Christ en croix de Rubens présenté par la galerie Colnaghi s'est vendu pour 3,5 millions d'euros dans les minutes qui ont suivi l'ouverture des portes de la TEFAF.

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Mise à jour 21 mars 2012.

Un autre tableau avait fait une forte impression sur les visiteurs de la TEFAF cette année, une oeuvre de Frans Francken II (1581-1642), L'éternel dilemme de l’homme : le choix entre le Vice et la Vertu, 1633, huile sur bois, 142 x 211 cm. Tableau complexe, là encore extraordinairement raffiné, passionnant à "lire", à regarder dans tous ses détails, d'un parfait état de conservation : il y avait toujours un petit attroupement d'amateurs autour de lui pour l'admirer. Il a finalement été acquis par le Museum of Fine Art de Boston pour la somme considérable de 12 millions d'euros. Un prix qui sera une référence désormais.

Frans-Francken.jpg

(Ne pas hésiter à cliquer pour agrandir, cela vaut la peine !)

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Published by Jérôme Delaplanche - dans Marché de l'art
5 mars 2012 1 05 /03 /mars /2012 11:12

Le Centre de la Méditerranée Moderne et Contemporaine de l'Université de Nice Sophia-Antipolis vient de faire paraître dans les Cahiers de la Méditerranée les actes d'un colloque que Marie-Aline Barrachina et Jean-Pierre Pantalacci y avaient organisé du 19 au 21 novembre 2009 sur le thème : Guerres et guerriers dans l'iconographie et les arts plastiques.

Nice.jpg

Nous avions contribué à cette réflexion par une communication intitulée "Pour une approche typologique de la peinture de bataille du XVIIe siècle". Au sein de l'art classique, la peinture de bataille est un genre mal connu et souvent malheureusement peu apprécié. Elle est en effet perçue comme monotone et paradoxalement peu émouvante. Ignorant fréquemment les tenants et les aboutissants de l'affrontement représenté, le spectateur reste parfois indifférent. Cette peinture obéit à des codes de représentation bien particuliers qui peuvent donner l’impression d’une production un peu répétitive. La connaissance de ces codes et surtout de la manière dont les artistes jouent avec ceux-ci, offrent cependant d'intéressants points d’entrée. Notre article propose ainsi de donner les clefs de lecture de cette peinture à partir d'une typologie formelle.

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Published by Jérôme Delaplanche - dans Mes publications
26 février 2012 7 26 /02 /février /2012 13:00

78933724 Marianne Stokes MelisandeLe musée d'Orsay nous offre la possibilité de revivifier le souvenir de la merveilleuse exposition autour d'Oscar Wilde de cet automne grâce à une charmante exposition à l'Orangerie consacrée à Debussy et à l'univers artistique tournant autour de son oeuvre. On y retrouve avec délice cet univers visuel symboliste du tournant du siècle, avec ce mélange de peinture et d'objets d'art, tous poussés à un exquis degré de raffinement. La scénographie de Nathalie Crinière, dont on reconnaît bien la signature, manque un peu cette fois sa mission. On regrette des murs sombres et surtout le choix paradoxal d'un voile de résille devant toute une série d'objets.


Reste la question du propos de l'exposition et de la difficulté de chercher une correspondance entre les arts visuels et la musique. Même si le principe a été défendu par bien des voix autorisées, il nous laissera toujours dubitatif. Chacun des deux arts fonctionnent d'après nous selon des esthétiques irréductibles l'une à l'autre. Cette correspondance s'accomode d'ailleurs assez mal de la synchronie des styles et des oeuvres. sw5f06etBach est-il rococo ? Mozart néoclassique ? Fantin-Latour est-il convaincant en illustrateur de L'Anneau du Nibelung ? Les meilleures mise en images de la musique sont parfois sans lien aucun avec l'esthétique du temps du compositeur et de son oeuvre. A cet égard, et pour revenir à Debussy, nous ne saurions trop encourager nos lecteurs à se précipiter à l'opéra Bastille pour voir l'actuelle production de Pelléas et Mélisande dirigée par Philippe Jordan et avec une mise en scène de Bob Wilson. C'est une reprise de la mise en scène de ce dernier qui avait été montée à Garnier de 1997 et qui avait été à l'époque assez mal reçue. Il est vrai que son esthétique minimaliste entre théâtre No et tragédie grecque est répétée à l'identique quel que soit l'opéra qu'il met en scène (nous nous souvenons en particulier de son Ring au Châtelet en 2005-2006) mais on doit reconnaître qu'elle crée ici des images d'une bouleversante beauté. Le charme mutin d'Elena Tsallagova (Mélisande) et l'excellence de son chant achève de faire de cette production une des plus belles choses qu'il nous ait été donné de voir dernièrement.

 

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Published by Jérôme Delaplanche - dans Expositions
26 novembre 2011 6 26 /11 /novembre /2011 09:35

Rodin.jpgLe musée Rodin propose une étourdissante exposition de 300 dessins d'Auguste Rodin sous le beau titre de La Saisie du modèle. Évitons la paraphrase inutile et reprenons mot à mot pour une fois le texte de présentation de l'exposition qui pose très clairement le contexte de l'exposition : " A partir de 1890, Rodin réalise, de façon indépendante de ses sculptures, des dessins qu'il exécute d'après le modèle vivant. Puis en 1896, il entame une véritable carrière de dessinateur, s'adonnant quotidiennement à des dessins de nus. Ils les fait figurer en nombre dans des expositions qu'il organise à partir de la fin du siècle dans les capitales européennes. [...] La passion du sculpteur pour le dessin d'après modèle vivant aboutit à une moisson d'environ 6000 feuillets, parmi lesquels 4300 sont rassemblés au musées Rodin grâce à la donation de l'artiste à l'Etat en 1916."

L'accrochage, chrono-thématique, est très réussi et aménage des effets spectaculaires. L'érotisme est le point de départ de tous les dessins. Il fournit l'impulsion ensuite transformée par les recherches formelles et l'intention poétique. Ces feuilles déconcertent par leur expressivité et leur inventivité. On découvre par ailleurs, ce que l'affiche de l'exposition montre très bien, le talent de coloriste de Rodin.

On regrette cependant (comme souvent) que l'exposition ne propose pas une remise en contexte artistique plus large grâce à des parallèles avec la production d'autres artistes de son temps. Nous aurions aimé pouvoir comparer les dessins de nus de Rodins avec ceux de Klimt par exemple ou de Degas. On regrette également l'absence de photographies contemporaines des séances de pose ou montrant ces danseuses cambodgiennes qui captivèrent l'artiste.

L'exposition est structurée par une quinzaine de sections. La dernière est peut-être la plus saisissante.

Une remarque : la reproduction photographique ne rend pas du tout justice à ces dessins qui semblent alors fades et répétitifs. Il faut donc voir sur pièce pour redécouvrir que le sculpteur Rodin est aussi, pleinement, un dessinateur.

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Published by Jérôme Delaplanche - dans Expositions
11 novembre 2011 5 11 /11 /novembre /2011 13:45

 

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Le beau château de Vizille abrite depuis 1984 le musée de la Révolution française. Le site, le bâtiment, les collections, la muséographie, le frisson de l'histoire que l'on y sent passer, font de ce lieu une réussite admirable.

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Le musée est installé dans un beau château du XVIIe siècle, ancienne demeure des ducs de Lesdiguières. Il est entouré d'un grand parc dont le réamménagement récent concilie charme et modernité.

 

La visite s'ouvre par une série saissante d'espaces, d'escaliers et de salles creusés dans le rocher.

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Y sont présentées plusieurs toiles de grand format consacrées à la Révolution française. Ce sont pour la plupart des dépôts de musées de région ou du château de Versailles. La muséographie est très inventive : les tableaux, souvent des compositions allégoriques, sont précédés d'une sorte de fossé, le béton et la pierre sont laissés bruts. Les cartels sont remplacés par des inscriptions de très grande taille.

 

La Révolution française étant un sujet immense, avant tout historique, et potentiellement très polémique, le musée a pris l'habile parti de l'histoire de l'art.

On trouvera sur ce site une présentation vidéo du musée par son directeur.

 

Le château ayant été également la résidence d'été des présidents de la République entre 1924 et 1960, plusieurs oeuvres évoquent cette période. Actuellement une exposition est même spécifiquement consacrée au sujet.

Il reste aujourd'hui principalement le très beau fumoir  aménagé dans le style Art Déco en 1927 par l'architecte Charles Halley. Dans une autre salle, se distingue une superbe tenture, Jets d'eau, 1925, d'après Edouard Bénédictus.

Photo0227       Photo0231

 

Mais on reste surtout saisi par un tableau ovale, titré Jeunesse (vers 1926) :

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L'auteur est une peintre femme bien mal connue, Mlle R.-M. Guillaume (1876-?). L'image évoque irrésistiblement le visage et la silhouette de Louise Brooks telle qu'elle rayonne dans Loulou (Die Büchse der Pandora / La boite de Pandore), film mythique de Georg Wilhelm Pabst (1929).

 

Màj. lundi 21 novembre 2011 : on trouve toute une série d'images des collections du musée sur ce blog très recommandable.

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Published by Jérôme Delaplanche - dans Musées
11 novembre 2011 5 11 /11 /novembre /2011 10:53

Orsay-Courbet.jpg

Le musée d'Orsay inaugure ces jours-ci son nouveau visage. Il s'agit de l'aboutissement de transformations importantes qui étaient en oeuvre depuis plusieurs années notamment au rez-de-chaussée avec le choix de cimaises peintes de couleur intense (L'Olympia de Manet sur un fond rouge met idéalement en valeur le vert du rideau) et des mouvements d'oeuvres permettant de nouvelles comparaisons donc de nouveaux discours. Le rez-de-chaussée reste ainsi, avec la confrontation de tant de styles et d'ambitions esthétiques opposées, avec la présence de la sculpture et des peintures de grand format, la partie peut-être la plus passionnante de la visite.

Le parti-pris d'un découpage par "courants" qui structure les autres étages du musée est certes pédagogique mais fait un peu regretter le plaisir des confrontations du rez-de-chaussée. Que peignait-on dans les ateliers académiques en même temps que Renoir entreprenait le Moulin de la galette accroché au 5 étage ? La modernité du second en serait plus sensible, tout comme les qualités de dessinateurs des premiers... Seules quelques sculptures de Rodin viennent par moment apporter un contre-point provoquant.

Rodin-Renoir.jpg

La galerie des impressionnistes a été entièrement réaccrochée sur des cimaises et un sol sombres et avec un nouvel éclairage. C'est une célébration sans pareil des peintres qui font la juste fierté du musée et sa célébrité à travers le monde. Les chefs d'oeuvre absolus de Manet, Degas, Monet, Renoir, Caillebotte s'exposent pour notre plus grand contentement dans une présentation qui les met pleinement en valeur. La traditionnelle confrontation avant / après est éloquente :

orsay avantorsay-apres.jpg

Ce nouvel Orsay est un grand succès.

 

(Petit aparté de dixseptièmiste : ce serait si beau si les salles de peintures françaises des 17e et 18e siècles du musée du Louvre pouvaient elles aussi connaître une telle mise en valeur ! Il y a actuellement des travaux dans ces salles. Une mise aux normes de sécurité croit-on savoir... Qui sait si un coup de peinture un peu audacieux ne viendra pas embellir ces tristes murs).


Pour en revenir au musée d'Orsay, on pourra admirer aussi la qualité des vitrines exposant les sculptures de danseuses de Degas ; sans montant aux angles, elles semblent disparaitre. Le mobilier a été particulièrement soigné, à l'image ce très beau canapé des frères Campana.

Aster-Papposus.jpg

De sublimes bancs du designer japonais Tokujin Yoshioka ont été installés au centre des salles impressionnistes. D'une valeur de plus de 200 000 € pièce, ils ont été prêtés pour une durée de 5 ans. Malheureusement, ils sont si beaux et si précieux que l'on ne peut même plus les approcher et surtout pas s'asseoir dessus : un cordon de sécurité les entoure et en interdit l'usage.

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"Il n’y a de vraiment beau que ce qui ne peut servir à rien ; tout ce qui est utile est laid" disait Théophile Gautier. Les bancs du musée d'Orsay sont vraiment trop beaux pour être utiles !

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Published by Jérôme Delaplanche - dans Musées

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