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27 octobre 2011 4 27 /10 /octobre /2011 09:22

Le Cabinet des dessins Jean Bonna qui s'est ouvert en 2005 à l'École des Beaux-Arts suit une dynamique politique d'exposition menée avec énergie par Emmanuelle Brugerolles. Nous y avions naguère organisé avec elle une exposition sur les dessins des Parrocel qui permettait de faire le point sur cette dynastie d'artistes réputée complexe.

 

Actuellement s'y tient une très belle présentation de dessins d'architectures de la seconde moitié du XVIIIe siècle provenant de la collection de l'architecte russe Sergi Tchoban. Conçu par Basile Baudez, qui est également l'auteur du catalogue, cet accrochage permet de découvrir des feuilles admirables qui sont les évocations parfois oniriques d'un monde perdu et pourtant vivant. Ainsi la Vue du Forum romain de Pierre-François-Léonard Fontaine (ill.) décrit les vestiges antiques comme les agréments bien ordonnés d'une promenade plantée.

Fontaine---forum.jpg

Exposition sur l'architecture, il n'y a cependant pas de compositions techniques ou de plans : on y découvre plutôt des créations très picturales qui portent au rêve comme sous la plume ou le pinceau de Jean-François Thomas ou de Joseph Michael Gandy (ill.). C'était du reste l'une des thèses défendues par l'exposition L'Antiquité rêvée au musée du Louvre (2010).

Gandy---Cenotaphe.jpg

La sélection des feuilles révèle parfaitement la dimension fantastique de l'architecture néo-classique souvent jugée à tort froide et "académique". Au fond, ces dessins témoignent d'un moment rare dans l'histoire de l'Occident où la conscience de soi fut assez aiguë pour mesurer le poids d'un héritage culturel incomparable, s'enfonçant dans la profondeur des siècles, mais également assez audacieuse, imaginative et idéaliste pour chercher à recréer les formes urbaines d'une société renouvellée. Cela s'appelle une Renaissance. Le XIXe siècle allait s'ouvrir.

Ledoux---Marseille.jpg

Claude-Nicolas Ledoux, Projet de théâtre pour Marseille, 1785, collection Sergei Tchoban.

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Published by Jérôme Delaplanche - dans Expositions
14 octobre 2011 5 14 /10 /octobre /2011 11:48

L'exposition La Cité interdite au Louvre qui s'est ouverte à la fin du mois de septembre adopte une mise en espace un peu inusuelle. Elle est en effet dispersée dans trois lieux différents du musée. Une première partie occupe les salles de l'Histoire du Louvre, une deuxième se situe dans la salle près des fossés médiévaux (introduite par une série de projections vidéos) et enfin une troisième partie se déroule dans les salles des expositions temporaires en sous-sol de l'aile Richelieu.

tunique féminine

Si les pièces chinoises envoyées par Pékin sont (nous a-t-il semblé et un ami sinologue nous l'a confirmé) toutes magnifiques, nous sommes restés troublés par l'organisation des deux premières parties. La première, dans les salles de l'histoire du Louvre, nous parait quelque peu déséquilibrée dans son propos. Il y a comme une tension entre le récit par les maquettes et les vestiges de l'histoire du Louvre et une présentation plus large de l'histoire impériale chinoise. Les registres ne sont pas les mêmes. Les échanges entre la France et la Chine restent un des fils directeurs avec principalement l'influence de l'art européen sur la Chine mais l'inverse n'est que peu abordé. Il n'y a pratiquement rien sur la chinoiserie.

Portrait de l’empereur Yongzheng en costume occidental

Dans la deuxième section, dans la salle du côté des fossés médiévaux, la comparaison architecturale que nous attendions dans la première partie entre le palais du Louvre et la Cité interdite est abordée avec une grande maquette du palais chinois. Mais alors il n'y a plus de maquette du Louvre. On regrette que l'idée d'une comparaison des palais et jardins des deux capitales n'est pas été rendue possible par une confrontation plus directe.

 

La troisième section dans l'aile Richelieu est une exposition indépendante à vrai dire des deux premières avec une présentation plus classique du mécénat de l'empereur Qianlong. On y trouve une belle série de peintures, en particulier des oeuvres du milanais Giuseppe Castiglione (1688-1766) dont ce magnifique "Poulain tout à son aise" portraituré à l'échelle un.

tout-a-son-aise.jpg

Le dossier de presse très complet se trouve ici.

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Published by Jérôme Delaplanche - dans Expositions
5 octobre 2011 3 05 /10 /octobre /2011 19:11

Photo0192-2.jpg

L'exposition consacrée au site archéologique de Pompéi que présente actuellement le musée Maillol à Paris voyage depuis plusieurs années sous des formes plus ou moins similaires et sous divers titres dans différents musées à travers le monde. Avant Paris, elle avait été présentée à New York (dans l'improbable Discovery Times Square) en 2011, au National Museum de Singapour en 2010-2011, au Te Papa Tongarewa en Nouvelle-Zélande en 2009-2010, au Melbourne Museum en 2009, au Museum of Fine Arts de Houston en 2008, au Museum of art de Birmingham (AL) en 2007-2008... Les pièces ne sont pas toujours les mêmes et la scénographie varie naturellement mais le commissariat assure la continuité et la cohérence de ces présentations successives. Le site de Pompéi a un besoin cruel d'argent et cette "blockbuster exhibit" comme l'écrit la presse américaine tente de remplir sa mission financière

Ceci rappelé, il serait dommage de bouder son plaisir. La présentation au musée Maillol est tout à fait honorable et rend justice au raffinement de la société pompéienne du premier siècle de notre ère, à son « art de vivre » pour reprendre une formule un peu usée. La belle scénographie d'Hubert Le Gall contribue au charme de la visite, en particulier au premier étage dans la lumineuse section consacrée au jardin.

L'exposition s'ouvre pour ainsi dire par la fin. Dès le début du parcours, on découvre quelques-uns des célèbres moulages réalisés par Giuseppe Fiorelli des corps des Pompéiens saisis dans la mort. Le nombre des plâtres exposés est cependant beaucoup plus limité à Paris que dans les autres étapes de l'exposition. Contingences matérielles ou réticence bien française face au "sensationnalisme", nous serions bien curieux de savoir...

Photo0191.jpg 

L'exposition permet d'apprécier dans sa variété la production artistique de l'art romain du 1er siècle : petites sculptures en bronze, peintures à fresque, statues de marbre, bronzes d'ornement, bijoux... Une salle est dédiée - elle est attendue - aux artefacts érotiques, mais les pièces sont à peine évocatrices. On est assez loin des collections du Gabinetto Segreto du musée archéologique de Naples.  Une affichette alerte le visiteur et lui signale avec plein de précautions oratoires cet ensemble d'oeuvres pourtant assez peu subversif... Bienvenue en 2011.

Photo0198-copie-1

 

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Published by Jérôme Delaplanche - dans Expositions
25 septembre 2011 7 25 /09 /septembre /2011 21:58

Une grande rétrospective consacrée à Edvard Munch (1863-1944) vient de s'ouvrir au Centre Pompidou. Plus de 60 tableaux, un grand nombre de photographies, des dessins, des lithographies, des sculptures, un film : l'exposition a l'ambition de proposer une vision pratiquement complète de l'oeuvre de l'artiste norvégien en dépit de l'absence - cruelle - de certaines des oeuvres emblématiques du peintre comme Le Cri.

Le principe de la grande rétrospective monographique sans oeuvres de comparaisons d'autres artistes n'est pas le genre d'exposition que nous préférons. A moins de s'appeler Raphäel ou Georges de la Tour, l'exercice dessert souvent, nous semble-t-il, les artistes. La qualité des toiles n'est pas constante et les chefs d'oeuvre côtoient inévitablement les oeuvres secondaires. Le déroulé ne peut éviter de surcroît pas une certaine monotonie. Heureusement la densité de l'accrochage permet d'éviter une présentation trop étirée et offre une certaine concentration au propos.

Au Centre Pompidou, l'exposition a pour ambition de montrer que Munch est un "oeil moderne". En l'absence d'oeuvres de comparaison d'autres artistes, d'une remise en contexte par les oeuvres, l'affirmation peut paraître péremptoire.

 

L'exposition s'ouvre par un effet d'accrochage saisissant avec les salles 1 et 2. La première salle montre une série de toiles des années 1890-1900 constituée de plusieurs oeuvres marquantes dont cette femme rousse qui dévore la nuque d'un homme : c'est la Vampire de 1893.

Photo0188.jpg

La salle n° 2 montre les mêmes compositions dans un étonnant effet de redite : il s'agit de la reprise par Munch de ces mêmes tableaux à vingt ans d'intervalle. L'effet est singulier mais les causes bien ordinaires  : approfondissement par le peintre d'une composition ou commande d'une réplique par un collectionneur... Le texte de salle présente cela comme un trait de modernité (la question du "multiple"). Cela nous semble au contraire une pratique artistique qui appartient à la tradition de la peinture occidentale.

Dans ce travail de la reprise et de la méditation sur le motif, une salle se distingue en particulier, c'est celle - très belle - consacrée à la Femme en pleurs, composition qui se développe sur tous les supports : photographie, dessin, aquarelle, peinture, lithographie, sculpture.

vue-expo-Compulsion

Mais rien encore une fois qui nous permette de dire que Munch serait en cela un artiste "de la modernité". Est-ce d'ailleurs obligatoire ?

Le dossier de presse est ici.

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Published by Jérôme Delaplanche - dans Expositions
23 septembre 2011 5 23 /09 /septembre /2011 23:52

vierge_a_lenfant_turin.jpg

Une exposition sur Fra Angelico et son entourage vient de s'ouvrir au musée Jacquemart-André. Elle s'organise selon une série de thèmes présentant les différentes facettes de la peinture florentine du début de la Renaissance autour du grand maître du quattrocento.

fa crucifixion vallombrosa hd

L'ensemble est d'une grande beauté et, même si la qualité de la peinture varie en fonction des auteurs, il se dégage des différents panneaux une même impression de finesse et d'élégance. La délicatesse de la couleur et la subtilité des effets de lumière forment comme un pont esthétique entre l'idéal du merveilleux médiéval et les conquêtes formelles de la première Renaissance.

Les pièces majeures sont rassemblées à la fin, notamment cette admirable Cruficixion sur parchemin (reproduite ci-contre). L'avant dernière salle montre un très bel ensemble sur la Vierge Marie. Sur l'un des murs sont ainsi disposés trois panneaux représentant chacun une Vierge à l'Enfant, tous attribués à Fra Angelico. Or ces oeuvres sont de style très différent les unes des autres. Un tel rapprochement pose la redoutable question de l'attribution : la confrontation que propose ici l'exposition fait naitre assez légitimement chez le visiteur quelques questionnements. Ces doutes ne doivent cependant pas porter ombrage au magnifique effort du musée Jacquemart-André pour nous offrir un tel ensemble. La belle scénographie est signée d'Hubert Le Gall.

7 - fra angelico - triptique du jugement dernier

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Published by Jérôme Delaplanche - dans Expositions
23 septembre 2011 5 23 /09 /septembre /2011 13:33

La Pinacothèque de Paris s'est lancée dans un exercice à la fois captivant et périlleux avec une exposition consacrée au regard d'Alberto Giacometti sur l'art de la civilisation étrusque. Captivant parce que la confrontation formelle entre des oeuvres aussi éloignées chronologiquement et culturellement ne manque pas de stimuler le regard. Périlleux parce qu'avec un tel écart la problématique doit être particulièrement resserrée et les rapprochements étayés : une proximité formelle est toujours subjective. Il ne faut pas qu'elle paraisse arbitraire.

ombre du soir                     Giacometti-copie-1.jpg

L'ombre du soir, 350-300 av. J-C, bronze, Museo Etrusco Guarnacci, Volterra.

Femme debout au chignon, 1949, bronze, Collection fondation Maeght Saint-Paul-de-Vence

 

La première salle de l'exposition déconcerte. C'est à la fois une présentation archéologique de la civilisation étrusque et l'amorce d'une confrontation visuelle entre l'artiste et les pièces antiques. Le statut de l'exposition parait incertain et les rapprochements en deviennent très extérieurs. Les salles suivantes accentuent notre perplexité avec l'exposition de nombreuses pièces étrusques et la présence de longs textes de salles sur cette civilisation ancienne. La problématique annoncée ne parvient pas à se développer.

 

Ce n'est que par la suite, au sous-sol, lorsque l'on pénètre dans la "2e partie", que l'exposition commence véritablement. A ce moment, se révèlent enfin de façon explicite les liens intimes entre l'artiste suisse et l'art étrusque. En effet, au-delà des rapprochements formels entre les pièces en bronze modernes et antiques (et cette fois parfaitement établis du point de vue historique : on sait que Giacometti a voulu imiter les objets antiques), ce sont des dessins de l'artiste tracés directement sur les pages de livres d'histoire de l'art qui retiennent l'attention. L'exposition montre en effet un nombre important de ces crayonnages rapides qui permettent de réfléchir sur le rapport au modèle et la question de l'inspiration formelle. Le regard de Giacometti revivifie l'Antique et propose à nouveau cet art comme un modèle qu'il est possible de libérer du poids du néoclassicisme. En outre, cet usage du livre d'art renvoie au concept du musée imaginaire et nous fait réfléchir à nos propres bibliothèques !

 

L'exposition aurait assurément gagné à être resserrée sur son ambitieuse et passionnante problématique. Cela lui aurait aussi permis de se recentrer sur des espaces plus homogènes : la scénographie actuelle est assez peu convaincante.

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Published by Jérôme Delaplanche - dans Expositions
15 septembre 2011 4 15 /09 /septembre /2011 11:44

Je signale rapidement et avec beaucoup de retard la passionnante exposition organisée au Centre Pompidou sur l'Inde contemporaine. Touffue, colorée, pleine de suprise, il ne faut pas la manquer ! (Attention, elle se termine ce week end).

 

 

J'ai particulièrement apprécié le travail d'Amar Kanwar, d'Hem Upadhyay, de Leandro Erlich et de Subodh Gupta.

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Published by Jérôme Delaplanche - dans Expositions
13 septembre 2011 2 13 /09 /septembre /2011 08:46

expo-Beaute-morale.jpgAprès Cabanel à Montpellier, puis Gérôme au musée d'Orsay cet hiver, et maintenant avec cette belle rétrospective sur l'Aesthetic Movement également à Orsay, les musées français nous prouvent ces derniers temps que l'histoire de l'art en France a définitivement tourné la page de l'antagonisme entre avant-garde et tradition dans l'art de la seconde moitié du XIXe siècle. Ainsi que l'écrit Didier Rykner : "On peut aujourd’hui aimer Cabanel et Monet sans forcément se couvrir la tête de cendres. On peut apprécier à la fois Gérôme et Manet sans avoir à s’en excuser et sans confondre pour autant le génie de ce dernier avec le talent du premier."

oscar-wilde.jpg

Or, paradoxalement, l'exposition Beauté morale et volupté dans l'Angleterre d'Oscar Wilde pose continuellement la question de la modernité. L'Aesthetic Movement est en effet présenté par ses thuriféraires comme l'avancée artistique ultime. Mais il y a surtout beaucoup d'humour dans tout cela. Les salles sont parsemées d'aphorismes d'Oscar Wilde qui constituent l'un des agréments indéniables de l'exposition : le sourire ne quitte pas nos lèvres. La doctrine décadente fin-de-siècle esthétisante qui enchantera les lecteurs de Théophile Gautier, Jean Lorrain, Mallarmé, Huysmans, s'y déploie sans mesure. Peu importe finalement que ce soit faux ou même idéologiquement tendancieux ("L'industrie est la racine de toute laideur"). Ce sont les mots d'esprit fantaisistes d'une société de privilégiés. Sur le socle d'une vitrine de bijoux, il est écrit : "On devrait soit être une oeuvre d'art, soit en porter une" (O. Wilde). Il n'y a pas aujourd'hui d'exposition aussi peu morale que celle-ci et cela fait beaucoup de bien.

 

L'accrochage est très réussi, mêlant habilement objets d'art, costumes, meubles, sculptures et oeuvres en deux dimensions. La scénographie est élégante et l'éclairage particulièrement soigné. On ressort enchanté de cette exposition et délicieusement flatté de se sentir à son aise dans une atmosphère aussi raffinée.

 
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Published by Jérôme Delaplanche - dans Expositions
28 avril 2011 4 28 /04 /avril /2011 10:20

Emmaus Jacquemart andré

Le musée du Louvre présente ce printemps une nouvelle et remarquable exposition sous pyramide : Rembrandt et la figure du Christ.

L'exposition prend comme point de départ une mention dans un inventaire des biens de Rembrandt dressé en juillet 1656 : "Une tête du Christ d'après nature".

La formule est saisissante.

Évidemment, on pourra désamorcer l'intrigue en expliquant qu'il s'agissait tout simplement de qualifier un tableau représentant une tête du Christ peint dans un style naturaliste à partir d'un modèle vivant.

Christ_Philadelphie.jpg

Ce serait passer à côté de tous les questionnements fascinants et fondamentaux que suggère une telle formule, comme la question de l'apparition du Christ, de la possibilité de le voir réellement parce qu'il vous apparaît. Le XVIIe siècle s'est beaucoup interrogé sur les moyens de connaître ce Dieu caché.

La formule pose ainsi la question de l'Incarnation, pierre angulaire d'une religion qui met son espérance et sa foi dans une figure fragile, à l'opposé du dieu jupitérien de l'Ancien Testament, Créateur du Ciel et de la Terre.

Elle pose aussi mille autres interrogations que l'exposition approfondit ou permet d'évoquer : la question de la visibilité du divin et de la matérialité du spirituel, la question de l'icône, la question de la Sainte Face, la question de l'apparence du Christ. Était-il beau, était-il laid? La question de la personne réelle et vivante prise pour modèle. On sait que Rembrandt a fait poser des membres de la communauté juive d'Amsterdam, rappelant au passage que Jésus était juif.

L'exposition s'attarde aussi sur le dépassement des canons d'idéalisation, sur la contestation de l'immuabilité de l'image du sacré, sur l'adoption du naturalisme pour le traitement de la  peinture religieuse (enjeux complexes auxquels Caravage en son temps avait été confronté - on regrettera peut-être l'absence d'une oeuvre de ce dernier dans l'exposition). Mais aussi sur la présence du Christ partout, en tout lieu et en tout temps, sur la présence du Christ parmi les humbles. C'est aussi la question du Salut par l'humilité, dans l'humanité qui est posé. En définitive, ce que démontre surtout cette exposition c'est la capacité de Rembrandt à créer une image en équilibre entre le spirituel et l'impermanence.

 

piece-aux-cent-florins.jpg

L'un des atouts majeurs de cette exposition réside dans l'effort pédagogique mis en place. Les enjeux principaux sont clairement expliqués, la problématique se déroule tout le long du parcours et le discours est à la fois précis, cohérent et nourri. Outre les habituels panneaux de salles, des cartels développés permettent aux visiteurs de suivre la démonstration. L'une des thèses principales de l'exposition est  que la représentation du Christ chez Rembrandt est d'un naturalisme novateur. Pour cela, les commissaires de l'exposition n'ont pas hésité à étayer leur démonstrations en s'appuyant sur des oeuvres d'autres artistes (Van der Weyden, Mantegna, Dürer), permettant ainsi de faire comprendre la différence entre les représentations traditionnelles et l'apport de Rembrandt. Méthode "luxueuse" de faire de l'histoire de l'art, comme l'écrit Philippe Dagen, mais cela fonctionne parfaitement. La comparaison est la maîtresse méthode de l'histoire de l'art, on ne le dira jamais assez.

Emmasus_Louvre.jpg

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Published by Jérôme Delaplanche - dans Expositions
29 mars 2011 2 29 /03 /mars /2011 10:34

Il y a au moins deux raisons de se réjouir de l'exposition Nature et Idéal consacrée à la peinture de paysage à Rome entre 1600 et 1650 et qui vient de s'ouvrir au Grand-Palais. Enfin une exposition sur la peinture en Italie du Seicento ! Et pour une fois, ce n'est pas une exposition monographique. En dépit de l'incontestable intérêt scientifique des expositions monographiques, je trouve que la présentation de l'oeuvre d'un seul artiste, fut-il Caravage ou Poussin, est moins stimulante que la réflexion autour d'une problématique.

Pour cette exposition-ci, le thème est la peinture de paysage autour et après Carrache. Il semble, à la visiter, que le propos aille plus loin qu'un simple récit de la naissance et de la fortune d'un genre.

Carrache-paysage-fluvial-washington.jpg

Le "retour à la nature" est un concept souvent mis en avant par les historiens de la peinture italienne pour marquer la césure entre la fin de la Renaissance maniériste et le début du XVIIe siècle. Or ce naturalisme n'est pas qu'une description de l'impermanence des êtres et des choses. Il est aussi une nouvelle manière d'admettre la nature comme lieu. Désormais, au XVIIe siècle, le récit de l'histoire s'incarne dans un espace réel, le même que celui qui voit le passage de la vie champêtre.

Poussin-Bacchanale-Louvre.jpg

C'est ce qui explique la présence (un peu inattendue il faut l'avouer) de peintures de figures sur des sujets mythologiques ou religieux. Le paysage crée une forte proximité entre le spectateur et l'image: il offre un cadre identifiable et familier à des récits fabuleux. Ces derniers gagnent en présence et en vérité. La dialectique entre nature et idéal n'oppose pas deux visions. Elle dit au contraire que la peinture de paysage est le meilleur mode pour décrire tout un monde lointain. C'est le sens de ce naturalisme.

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Published by Jérôme Delaplanche - dans Expositions

Un blog d'histoire de l'art

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